samedi 28 novembre 2009

Le bourreau sentimental.

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C’est dur d’avaler sans déglutir cet air de novembre si sombre. J’ai des contractures plein le dos qui vont me déplacer des vertèbres à force de se crisper … Quand je l’ai vu si abattu, je me suis demandée comment le monde pouvait encore tourner alors qu’une partie de son univers à lui allait être enterrée lundi. J’ai peut-être trop de compassion ( mot qu’on s’est amusé à décomposer avec M. H., « cum patior » … ). Alors je souffre de ma peine .. Mais ça m’apprendra à en avoir autant !.. Parce que je trouve que ça en devient malsain, je me dis que je n’ai pas le droit de souffrir d’une chose qui ne m’appartient pas. Ça me rappelle une phrase que j’avais lue au musée de l’immigration, pour l’exposition d’Ellis Island : « on a de la peine à souffrir », le sens des deux phrases est totalement différent ; celle-là était sincère et déchirante, la mienne est malsaine et hypocrite. Mais M. m’a dit au contraire que la compassion était une bonne chose, que c’était précieux. Alors je relativise. Et puis c’est vrai que Sartre ne soulève que la moitié du problème : si « l’enfer, c’est les autres », le paradis, c’est quoi ? (J’ai ma réponse)
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lundi 16 novembre 2009

"Mon délire a quitté ma tête pour se fondre dans mes os".

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- J'en coque tôt -



J’ai encore fait tomber ma tête dans l’évier. C’était à cause de cette musique et de l’odeur de souffre autour du bruit. Non, en fait c’était parce que ça faisait beaucoup. Beaucoup de rencontres d'un coup je veux dire. Ca marche comme ça les émotions : par renouveaux et par découvertes. Ou par découvertes et par renouveaux plutôt. ( « - non Pluto c’est l’ami de Mickey. - Mais non, Pluto c’est le chien de Mickey, c'est Dingo l'ami de Mickey. – Ah oui, désolée c’est ce film, toute cette pression. ») Mais c’est fragile un cerveau, il paraît que je devrais faire plus attention quand je me penche.

Et je remarque que je parle beaucoup en chiasmes. La khâgneuse (même bidon) que je suis interprète cela comme ayant un cerveau qui fonctionne essentiellement par connexions, mais à tâtons. Il y'aurait peut-être aussi une histoire de miroir là dedans ... Le narcissisme féminin dans tous ses états. Le discours métatextuel de soi sur soi, et l'orgueil simulé. Ou pas.


En tout cas je n’avais pas vu ces petites lumières blanches et je n’avais pas senti tous mes muscles me quitter avec violence depuis assez longtemps ! C’est éprouvant un corps qui s’exprime sans cesse, sans honte ni compassion pour son habitant. Mais "ich war lächerlich ", vraiment. On aurait dit un épouvantail, plus épouvanté qu’épouvantable en plus : quand cette chose se réveille, mes bras sont portés par des millions de fourmis qui auraient avalé du "speed" avec un grand verre d'eau pilé ! Du coup après elles font n'importe quoi, elles deviennent vraiment dingues, elles se propagent dans tous mes organes et autres muscles désarticulés à une vitesse impressionnante avec des picotements cinglants et elles se cognent à chaque extrémité de mon corps dans un bruit affreux que je suis seule à entendre. Une drôle de sensation, oui.

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mardi 3 novembre 2009

<< On est tous des Jean-Claude ! >>

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Hier je suis allée visiter "en VIP" l’appartement parisien de Boris Vian : quelle émotion ! La station Blanche, la rue du Moulin Rouge, et la Cité Véron … ! Pfiou .. J’ai monté les trois étages le coeur battant. Je me prenais pour Simone de Beauvoir qui allait rendre visite à son ami le Bison Ravi au bras de Jean-sol Partre. J’ai débouché sur une grande terrasse donnant sur le Moulin Rouge. La jeune femme qui faisait la visite m’a accueillie avec un grand sourire, puis un couple d’amateurs de Vian s’est joint à nous. Quel endroit ! Tout y était, sauf Lui. L’appart’ est encore habité mais presque tout est comme Boris l’avait laissé, surtout le salon : un vrai capharnaüm, tiens ! Malheureusement on n’avait pas le droit de prendre des photos de l’intérieur. J’ai pu effleurer son piano, sa machine écrire, ses boîtes ; j’ai pu contempler tous ses objets étranges et bizarres, toutes ses figurines, ses collages faits avec son ami et voisin Jacques Prévert ; j’ai pu marcher sur ses pas, contempler la même vue que lui, emprunter les mêmes toilettes que lui ! Le monsieur du couple nous a parlé de poésie. Il m’a dit « Je suis amateur de poésie. Vous aussi je pense, Mademoiselle ; vous avez l’air très sensible à ces chose. Vous savez, un poème est fait pour être dit, lorsqu’on le lit seulement, on perd quelque chose ». En discutant, il m’a aussi lancé « Dis donc, vous êtes une vraie fan de Vian ! ». Je lui ai répondu « Oh que oui ! ».
Boris, si tu m’entends : <3 !
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